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C’est une routarde avec une ombrelle en dentelle blanche. Elégante mais pas du genre à aimer se retrouver serrée dans un bouquet bien mis, bien rond, aux tiges raides comme des piquets, d’où rien ne sort du rang. A elle seule, la carotte sauvage est capable d’ébouriffer le plus urbain des intérieurs. Son petit air de fleur tout juste sortie du pré évoque d’emblée la promenade et en fait un élément « indispensable du bouquet dit “champêtre” », confirme Stéphanie Page, coordinatrice de production chez Fleurs d’Halage (à L’île-Saint-Denis), qui préconise de la laisser dépasser du bouquet.
Sa tête circulaire, dentelée et étalée typique des ombellifères a besoin de place pour s’exprimer. La fleuriste estime aussi qu’il vaut mieux la laisser tremper une heure seule dans son vase avant de la présenter à d’autres fleurs coupées : « Dans l’eau, Daucus carota libère une sève assez peu appréciée des autres. »
Une fois amadouée, cette fleur des bords de route apporte de la légèreté et de la douceur aux plus rigides des iris et autres beautés sophistiquées. « Son parasol contraste avec les longilignes digitales », souligne Stéphane Pennetier, glaneur de végétaux et auteur de Des bouquets toute l’année (E/P/A, 2018). La carotte sauvage, dit-il, « se marie très bien avec des roses anciennes, des roses du jardin et un peu de feuillage pourpre ».
Lui l’aime « comme on l’observe au bord de la route », mélangée à « trois fois rien » : d’autres fleurs toutes simples, des tournesols, des coquelicots (dont il brûle un peu la tige pour la cautériser avant de les plonger dans l’eau), de la folle avoine et autres graminées. Daucus carota peut se confondre avec sa beaucoup moins recommandable et très irritante ciguë (les feuilles de la première ressemblent à celles de la carotte, celles de la seconde au persil), mais elle offre à ceux qui ouvrent l’œil un spectacle permanent.
Epanouie ou recroquevillée lorsqu’elle arrive en fin de course, Daucus carota est graphique « à chacun de ses stades d’évolution », apprécie Stéphane Pennetier. Dehors, pensez à laisser sécher ses tiges sur pied l’hiver, elles serviront ainsi d’abri aux insectes, et les araignées aiment y tendre leur toile. Au petit matin, indique le glaneur, lorsque les gouttes de rosée viennent orner ce fin tissage, le tableau est de toute beauté.
Zone de prédilection Des sols légers et bien drainés.
Entretien Exige seulement d’être semée au moins huit semaines avant les premières gelées.
Floraison En juillet. Il lui faut au moins un an après avoir été semée pour donner des fleurs.
Aime Avoir la tête au soleil et les pieds au frais.
N’aime pas La sécheresse et les cailloux.
Julie Lasterade
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